3 questions à Tal Bruttmann,
historien et commissaire de l’exposition "Face à l’occupant, l’engagement des femmes dans la Résistance"

En quoi le prisme de l’engagement des femmes permet-il d’ouvrir la question du concours ?

Quand on parle des « combattants de l’ombre », on oublie qu’il s’agit en fait de « résistants dans l’ombre », qui chacun apportent leur contribution. Les réseaux ou les groupes armés sont constitués de nombreuses personnes, dont seule une partie assure, par exemple, le combat. Il s’agit du bout d’une chaîne aux multiples maillons, chacun de ces maillons jouant un rôle essentiel, sans lequel la lutte ne peut être menée. Or les différents rôles sont difficilement perceptibles, notamment en ce qui concerne les femmes. Aborder leur place dans la Résistance permet, outre de souligner leur importance, tout à la fois de montrer les différentes formes d’engagement mais aussi comment la Résistance s’est organisée et a fonctionné.

Les formes d’engagement pour la libération du territoire national ont été multiples, expliquez-nous cette diversité.

Si la Résistance est vue comme un engagement armé contre l’occupant et Vichy, ce n’est pourtant qu’une faible partie d’un ensemble bien plus vaste. La Résistance recouvre un vaste éventail d’engagements, depuis la diffusion clandestine d’informations (tracts, journaux…) jusqu’à l’aide aux personnes traquées (planquages, faux papiers, filières d’évasion), en passant par le renseignement ou la résistance spirituelle. Autant d’activités qui ont chacune leurs propres risques et qui participent à l’ensemble qu’est la Résistance.

L’appartenance à la Résistance n’est pas sans conséquence sur le destin d’un individu, pourriez-vous évoquer l’un de ces destins ?

Il serait assez paradoxal d’évoquer un destin, alors que comme le montre l’exposition, chaque engagement est un destin en soit. Chaque personne – quel que soit son genre, ses origines, etc – a eu un destin particulier. Raison pour laquelle l’exposition propose une multitude de destins de femmes, éclairant tout à la fois des engagements différents, mais aussi des conditions d’engagement différentes. Évoquer un seul destin reviendrait à n’en retenir qu’un… Mieux vaut souligner que cela a été l’affaire de quelques milliers, puis dizaines de milliers de personnes, qui ont fait le choix d’un combat à l’issue incertaine et sur lequel planait un danger mortel.